Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
30 juillet 2010 5 30 /07 /juillet /2010 07:22

 

Troisième volet du bilan de la Coupe du monde disputée en Afrique du Sud. Après le triomphe espagnol et les déboires de l’arbitrage, retour sur la « catastrophe nationale » avec le véritable séisme qui a secoué le football français.

 

   

            Tout ou presque a été écrit sur le gigantesque fiasco de l’équipe de France de football en Afrique du Sud. Pathétique de bout en bout, elle s’est ridiculisée aux yeux du monde, emportant avec elle un sport et tout un pays.

Evidemment, précisons d’emblée que ce n’est pas tant par ses résultats, tellement prévisibles, que par un comportement d’ensemble totalement hallucinant, qu’un simple échec s’est transformé en une catastrophe nationale.  

 

D’aucuns ont comparé les quelques trois semaines passées à l’hôtel Pezula de Knysna au « mythique » mais peu regretté « Loft Story ». Le vase clos et les bouffonneries quotidiennes s’en rapprochent effectivement, sauf que si dans un cas, le spectateur riait grassement chaque soir ou presque, dans l’autre, la comédie gentillette a tourné à la tragédie, au fil d’un scénario insensé qui rappellerait plus, pour jouer sur les mots et ne retenir que les larmes de fin, le grand Love Story.

 

Ceci dit, la tournure prise par les événements depuis peut interpeller : cette traque à l’homme, à l’espion, aux meneurs, n’est-elle pas disproportionnée ? En règle générale, les chasses aux sorcières ne sentent jamais très bon, non ?

 

« Pendez-les haut et court ! »

 

            « Evra et tous ses complices radiés à vie de l’équipe de France ! Cet ersatz de capitaine l’a dit, Toulalan et Lloris l’ont répété, ils étaient tous solidaires ! Ah les traitres ! Punissons-les tous ! » Ecoutez, même des anciens "pros" le disent...

Ah oui ? Et pourquoi pas écarteler Domenech en place publique pendant qu’on y est ? Ou euthanasier Escalettes ? Pour finir, on jettera la Roselyne et la Rama dans une arène pleine de boue en espérant qu’elles s’égorgent !...

Devant un tel déferlement médiatique, un individu qui sortirait d’un mois de coma poserait la question suivante : mais quel crime ont-ils donc tous commis pour susciter autant de haine ? On lui répondrait, à froid et après mûre réflexion : parce qu’ils ont tous oscillé entre la médiocrité et la nullité, sur le terrain et en dehors. Ce à quoi il pourrait alors rétorquer : depuis quand l’incompétence, même notoire, est-elle passible des assises ?

 

La vérité, c’est que tout ce vilain petit monde, qui vit dans la soie avec un égo à en faire pâlir la Grenouille de La Fontaine, a cassé le beau jouet, ébréché le Graal et remplacé l’opium de millions de français par un excitant aux effets agressifs et incontrôlables. Car vu de France, le comportement d’ensemble de nos ambassadeurs a rapidement exaspéré mais aussi modifié sensiblement la perception par les grands et les petits du statut de ces héros high-tech au casque vissé sur la tête.

 

Ils ont péché, c’est grave et condamnable, mais cela ne justifie en rien un tel acharnement. Surtout, les adultes, parents et éducateurs, ont le devoir d’expliquer aux enfants que si leurs idoles sont devenues des chèvres, sur le terrain et dans un bus, les posters qui les représentent, cloués sur les murs de leur chambre, ne doivent pas pour autant se transformer en cibles pour fléchettes.

 

Ceci étant dit, il ne s’agit pas non plus de profiter des vacances scolaires pour tout oublier. Faute lourde il y a eu, sanction il doit s’appliquer. Alors quels sont les vrais coupables ? Les dirigeants, le sélectionneur ou les joueurs ?... Mais tous, mon bon seigneur ! Oui, ils peuvent tous être blâmés et, avec un brin d’objectivité, dans des proportions semblables…

 

« Nico, Patrice, Raymond, Jean-Pierre et les autres »

 

            Dans la hiérarchie des responsables de ce navet, le premier est évidemment le producteur, la Fédération Française de Football. Elle et ses dirigeants, incompétents dans la gestion du fleuron du football français, et symbolisés par Jean-Pierre Escalettes, leur « patron », un grand-père de 75 ans sympathique mais totalement dépassé.

Subissant tout de A à Z, la FFF n’a montré dans cette affaire, et c’est sans doute le plus grave, aucune capacité de réaction de nature à inverser les cours des événements. Au contraire, sa seule action (l’exclusion d’Anelka) lui est revenue en pleine figure par un groupe étonnamment solidaire, à l’opposé en tous cas de son expression collective en matière footballistique…

N’oublions par ailleurs jamais que c’est bien la FFF qui a décidé, envers et contre tous, de maintenir Raymond Domenech comme sélectionneur d’une équipe dont l’état était déjà alarmant deux ans plus tôt. Si la seule raison de cette confirmation venait du statut de vice-champion du monde conquis en 2006, c’est encore plus dramatique, puisque, sans prendre de risque, on peut avancer l’idée que Raymond Domenech n’y était pas pour grand-chose...

 

Domenech justement, le metteur en scène, est souvent présenté comme l’accusé numéro un. Après le regretté Raymond-la-science, voici Raymond-le-bouffon !

D’emblée, le sélectionneur a suivi la voie de ses prédécesseurs, Aimé Jacquet et Roger Lemerre (on a déjà tous oublié Jacques Santini) dans cette lutte perdue d’avance contre les journalistes. On parle pourtant là d’une presse française, et non britannique, espagnole ou italienne. Inéluctablement, son déficit d’image s’est creusé, pour terminer dans des proportions abyssales au cours des six derniers mois.

Il s’est chargé lui-même d’achever le travail lors de son dernier match à la tête de la sélection, en refusant lamentablement de serrer la main de son homologue sud-africain, le brésilien Carlos Alberto Parreira, champion du monde, lui, avec la Seleção en 1994. Un geste honteux et inexcusable pour un éducateur.

 

Mais ce qu’il faut surtout lui reprocher, c’est d’avoir multiplié les mauvais choix comme technicien ; son job. La liste est tellement longue qu’il faudrait deux tomes pour les conter, mais trois des plus frappants, pour ne s’arrêter que sur cette coupe du monde, furent sans doute la non sélection de Karim Benzema, le choix du duo Gallas-Abidal dans l’axe central de la défense bleue et les titularisations répétées de Nicolas Anelka et Sydney Govou. Ces trois actes résument beaucoup de choses.

 

Karim Benzema ne partage pas avec Franck Ribéry que les mises en examen. En toute subjectivité bien sûr, il dispute à l’ancien messin le statut de meilleur joueur de football du pays. Ne pas l’intégrer dans la liste des 23, au nom de la paix sociale du groupe est consternant. Au fait, quel groupe ? Celui du vestiaire à insultes ou celui du bus ?

Pour revenir à l’ancien lyonnais, il n’a rien d’un caïd. Que les millions lui aient fait tourner la tête et son égo, peut-être, certainement même, mais de là à se priver de lui… Quel gâchis !

 

Pour la charnière composée de William Gallas et Eric Abidal, c’est encore pire. Le premier n’avait pas joué depuis des mois et le second est tout sauf un arrière central de haut niveau. Leur association était vouée à l’échec. Ce fut un désastre.

On ne s’arrêtera même pas sur les cas Anelka et Govou. Totalement inexistants, ils ont traversé cette coupe du monde comme des fantômes. L’entêtement à les aligner dans le onze de départ tenait donc soit de la bêtise, soit de la cécité.

 

Pour résumer, dans le premier cas, Raymond Domenech ne savait pas comment gérer un de ses meilleurs atouts, alors il a préféré l’exclure. Dans les deux autres, il a commis des erreurs incroyables sur les plans technique et tactique, indignes de son statut et de son rang. Tout est dit, n’en jetez plus…

 

Enfin, comment oublier les acteurs, solidaires dans la bêtise pour jouer leur plus mauvais rôle. On a décrit les joueurs comme des mutins… Des fumistes oui ! Sans s’en rendre compte, par leur grève inepte, ils ont sali le maillot bleu ; ses valeurs, son histoire et tout ce qu’il représente.

Mais répétons-le : s’ils ont commis une faute, ils ne méritent pas, pour autant, la guillotine ! Eux aussi ont été emportés dans la tourmente, avec le poids de leur jeunesse. Il faut y voir, assurément, une circonstance atténuante et tous les vieux acteurs sur le retour doivent faire appel à leurs propres souvenirs, à leur propre histoire, dans leur rôle de footballeur, ou simplement d’homme…

Deux sanctions sont d’ailleurs déjà tombées : la première, financière, avec la privation immédiate des primes versées par la FIFA à la FFF (primes qui devraient être reversées au football amateur) et la seconde, sportive cette fois, puisque Laurent Blanc, le nouveau sélectionneur, a décidé de ne retenir aucun des 23 agitateurs pour le match amical en Norvège, le 11 août prochain.

Ces deux décisions fortes et symboliques doivent suffire à clore le chapitre « punitions pour les grévistes ». Car l’essentiel est ailleurs…

 

  « Maillot bleu mon amour ! »

 

            Plus grave que la grève en tant que telle, c’est sans doute le coup de ciseau porté dans le maillot bleu qui a généré la colère de tout un pays.

Ceux qui supportent l’équipe de France depuis toujours ont tous, un jour, rêvé d’être Michel Platini, Jean-Pierre Papin ou Zinedine Zidane. Ils ont aussi pleuré avec eux, de joie ou de peine, mais avec la sensation que ceux qui portaient ce beau maillot méritaient que l’on s’associe à eux. Sans doute parce qu’ils le portaient bien. Dignement.

 

Oui, l’équipe de France est un luxe, que tout footballeur en herbe rêve d’intégrer. C’est un privilège, un honneur, d’y être convié. En retour, le joueur international a donc des devoirs : porter fièrement ses couleurs, respecter ce maillot, son Histoire.

Toute autre attitude est condamnable : le désintérêt, l’absence de motivation et, pire, le mépris. C’est pourtant exactement cela que les 23 joueurs sélectionnés en Afrique du Sud nous ont offert. Peu ou pas concernés, sans esprit de révolte, ils ont préféré se fourvoyer dans des querelles de bas étage, oubliant l’essentiel : l’exemplarité.

 

Pris dans un engrenage qui les a complètement dépassés, ils n’ont pas eu l’intelligence, la  lucidité, de voir qu’ils sciaient la branche sur laquelle ils étaient assis.

Car ne nous y trompons pas : eux aussi ont énormément perdu, et pas seulement en terme de contrats publicitaires. Ils ont abandonné à Knysna beaucoup de leur crédibilité (toute pour certains), une partie de leur honneur et, sans qu’ils s’en aperçoivent, la merveilleuse chance qui leur était offerte de représenter leur nation pour disputer la plus belle des compétitions.

 

De sorte que Laurent Blanc devra rappeler à chacun, avant toute chose, le sens d’une convocation en équipe de France et l’investissement qu’il requiert, avant, pendant et après le match en Bleu.

Le cévenol incarne parfaitement les valeurs que l’on souhaiterait retrouver chez chacun des internationaux : le talent bien sûr, mais aussi l’intelligence et l’humilité. Pour ce qui est de l’intelligence, le mal est déjà fait pour beaucoup mais, au moins, que nos Bleus redeviennent humbles.

En ce sens, Hugo Lloris serait d’ailleurs un relai formidable pour le néo-sélectionneur. Il est jeune, certes, mais plus mature que la plupart de ses coéquipiers. Posé, il sait aussi rester mesuré en toutes circonstances. Des qualités qui ont accompagné « le Président » durant toute sa carrière. Et comme son talent est déjà reconnu, qui sait si un avenir comparable à Dino Zoff (l’emblématique gardien et capitaine de la Squadra Azzurra championne du monde en 1982) ne pourrait pas s’offrir à lui…

 

 

            « Des Etats généraux du foot » à l’automne ! Voilà où nous en sommes arrivés : les politiques s’en mêlent. Au secours, fuyons !

Au même titre que la justice doit garder son indépendance vis-à-vis du milieu politique, le sport doit, pour rester cette bouffée d’oxygène unique, universelle et inestimable, préserver sa nature vierge de tout compromis.

Considérer que la maladie dont souffre aujourd’hui l’équipe de France de football est aussi grave que la crise économique et/ou que sa guérison est aussi impérieuse que la réforme des retraites est une niaiserie affligeante.

Oui, le football français connaît une crise, mais ce n’est pas la première de son histoire et elle en subira d’autres. Oui, il doit aussi subir une profonde réforme pour moderniser son organisation et son fonctionnement. Mais par pitié, ne mélangeons pas tout. C’est à lui et lui seul de se soigner. La tâche n’est pas insurmontable, pour peu qu’il veuille s’en sortir et qu’il s’administre le bon traitement.

 

- Charelca -

 

Partager cet article
Repost0

commentaires

O
<br /> A l'issue de ce fiasco, ma première réaction (peut être excessive il est vrai) était de virer les 23 solidairement à vie de l'équipe de france! ce qui n'a rien d'une guillotine, ces pseudo<br /> professionnels gagnant suffisamment bien leur vie sans l'EDF.<br /> Laurent Blanc a préféré les éliminer temporairement pour LA rencontre de l'année en EDF, le match amical du mois d'août contre la Norvège! ou la la quelle sanction!et la fédé a annulé toutes les<br /> primes en EDF des contrats pub, primes qui avaient déja été annulées par les joueurs eux même.... Que de décisions courageuses...Nous voici dans la dernièr acte de la fameuse pièce du Tartuffe.<br /> En agissant ainsi, c'est un quitus donné à toutes les générations futures:<br /> 2006, on a le droit en EDF de mettre un coup de boule à un joueur adverse.<br /> 2010, on a le droit de ne pas s'entrainer en EDF de ne pas jouer si on a pas envi.<br /> 2014 au Brésil? il se passera quoi? on aura le droit de sortir un "coupe coupe" en plein match en EDF pour menacer un adversaire? Et pourquoi pas kidnapper le selectionneur et demander une rançon à<br /> la fédé?<br /> car effectivement le léger recadrage qui se prépare permettra de faire bonne figure pour 2012 sans malheureusement régler le problème parce qu'on est tous finalement comme ces 23 joueurs dans le<br /> bus: sans corones! on a pas le courage de dire à nos joueurs:" tu as souillé l'histoire française, alors assumes, tu ne joueras pas ni les qualif ni le tournoi final de la prochaine compétition<br /> internationale" car que vaut il mieux?<br /> - faire bonne figure en 2012 pour se ridiculiser encore plus en 2014?<br /> - ou partir au combat avec une équipe moins talentueuse mais beaucoup plus vertueuse qui permettra de préparer la prochaine coupe du monde au pays du football?<br /> A bon entendeur....<br /> Phil<br /> <br /> <br />
Répondre
D
<br /> Ouais, ouais<br /> <br /> Finalement, je ne suis pas certain que L. BLANC soit capable de se séparer des gars qui étaient devant les "suiveurs".<br /> L'attitude de TOULALAN, ton ami Lyonnais, durant cet entraînement de la honte, attitude que je découvre ce soir, me surprend....<br /> <br /> <br />
Répondre
C
<br /> Patsso,<br /> en ce qui concerne l'état d'esprit, cela peut tourner très vite. Blanc est l'homme qu'il faut.<br /> Pour le jeu, il y a quelques talents, mais le plus long sera de former un collectif efficace contre des grandes nations. Pour les qualifs de l'Euro 2012, je ne suis pas inquiet.<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> Tout est dit !<br /> <br /> Je m'interroge, comme beaucoup de supporters des bleus d'ailleurs, censés devoir supporter leur équipe nationale à tout prix, si le foot m'intéresse encore...<br /> <br /> Meurtri par cette grotesque pantalonnade, je ne redemande qu'à sauter de joie, que ce soit devant mon poste de télé ou encore au stade.<br /> <br /> Si par bonheur Lolo nous remettait tout cela en branle, le jouet pourrait à nouveau pouvoir être remis sur les listes du Père Noël, mais de quelle année ?<br /> <br /> Patsso<br /> <br /> <br />
Répondre

Présentation Du Blog

  • : Le blog de humeurdefoot.over-blog.com
  • : billets d'humeur et analyse de l'actualité du foot sur la scène nationale et internationale : ligue 1, ligue des champions, équipe de france...
  • Contact

Profil De L'auteur

  • Charelca
  • Charelca, bientôt quadra, amoureux du foot et de sa dramaturgie unique. Enfant de Séville, fan de Platoche, il n'y a qu'une place pour un club dans mon coeur. En revanche, l'esprit est ouvert pour accueillir avec bonheur tous les passionnés.
  • Charelca, bientôt quadra, amoureux du foot et de sa dramaturgie unique. Enfant de Séville, fan de Platoche, il n'y a qu'une place pour un club dans mon coeur. En revanche, l'esprit est ouvert pour accueillir avec bonheur tous les passionnés.

Recherche