Dimanche soir, en quelques heures, le téléspectateur que j’étais est passé par tous les états : tour à tour admiratif, angoissé, exalté et ému devant la bande à Onesta, puis déconfit, abattu et résigné face à la désormais traditionnelle purge cryptée de la Ligue 1.
C’est que, ébloui et dynamisé par la magnificence de nos handballeurs, dont le règne sans partage ravive en chacun de nous une fibre patriotique ô combien salvatrice, j’ai osé, dans la foulée, suivre avec un œil attentif le Monaco-Marseille qui clôturait la 21ème journée du championnat... Quelle connerie ! Je suis tout simplement passé du rêve au cauchemar, de ce que le sport peut offrir de plus beau à ce qu’il peut produire de plus laid…
Je ne sais pas exactement ce que Claude Onesta, Jérôme Fernandez et les autres se sont dits, dimanche soir, dans l’intimité de leur vestiaire, juste avant les prolongations de cette grande finale. J’espère qu’une caméra indiscrète, façon Yeux dans les Bleus, nous le révèlera un jour (certainement d’ailleurs) car franchement, qui, à cet instant précis, n’a pas cru que l’égalisation danoise assommante, survenue à 4 minuscules secondes de la sirène, n’allait pas déboucher, dix minutes de temps de jeu plus tard, sur la fin cruelle d’un règne déjà admirable ? Pas grand monde, assurément, quand bien même le talent de ce groupe exceptionnel paraît largement supérieur à tous ses adversaires.
Il y a autre chose, évidemment. Cette équipe est habitée par un esprit sain et s’appuie sur un ensemble de valeurs d’un autre temps. Des valeurs on ne peut plus naturelles, finalement, mais qui apparaissent presque désuètes aujourd’hui, dans le monde à paillettes du sport de haut niveau. Le respect, l’humilité, le don de soi, l’altruisme… C’est quoi déjà ?...
Bertrand Gilles, Thierry Omeyer et Nikola Karabatic ont tous trois été élu, à un moment de leur carrière, meilleur joueur du monde. Or seules leurs performances sur les parquets le rappellent. Rien d’autre. Pas l’once d’une attitude arrogante, ni l’esquisse d’un comportement suffisant, aucun signe d’impatience. Jamais. Des Champions, des vrais. Chapeau.
Rasséréné par cette merveilleuse victoire, j’avalai expressément mon potage et regagnai mon canapé, encore réchauffé par l’excitation et l’émotion de deux heures frénétiques franchement partisanes. J’étais, aussi, curieux de revoir Mahamadou Diarra, ce joueur fabuleux, base fondamentale du triangle du milieu de terrain inégalé du Roi Lyon, de 2002 à 2006, et venu de Madrid pour sauver Monaco, au bord du Rocher, pardon, du précipice.
Et bien figurez-vous que même à court de compétition (après deux années comme titulaire au Real, le malien, meurtri par des blessures à répétition, n’a joué qu’une quarantaine de matchs sur les trois dernières saisons), « Djila » Diarra fut le meilleur joueur sur la pelouse... Stabilisant facilement le milieu monégasque, il délivra également, juste avant la mi-temps, un modèle de passe décisive à Coutadeur, mais l’ancien manceau gâcha de manière pitoyable cette occasion. Dommage car ce fut la seule du match… Si si…
Mes amis, vous comprendrez que la purge cryptée du dimanche soir a touché son paroxysme avec ce pseudo derby méditerranéen. Un spectacle lamentable, souvent techniquement grotesque pour des professionnels millionnaires... Deschamps, qui n’est finalement amnésique qu’en matière d’arbitrage, a logiquement reconnu la nullité de la production de son équipe. Qu’il se rassure comme il peut : l’autre huitième de finaliste français de la Ligue de Champions, l’Olympique Lyonnais, a fait presque pire, samedi, reproduisant ses grossières insuffisances, aperçues, entre autres, à Lisbonne et Gelsenkirchen, respectivement contre Benfica et Schalke 04.
Les deux « Olympiques » ont été nuls ce week-end, laissant Lille s’envoler. Mais ne me parlez plus d’Olympique pour ces deux-là ! S’il vous plaît ! De l’Olympique, je ne vois aujourd’hui que les Jeux. Les prochains se dérouleront à Londres, dans un an, et nos Experts se chargeront alors de notre cure de jouvence. Je leur dis déjà merci. Merci d’avance pour tout ce qu'ils n’ont pas encore fait.
Charelca