Quatre jours après une victoire laborieuse et peu convaincante face aux Etats-Unis (1-0), les Bleus ont concédé logiquement le nul face à la Belgique, mardi soir (0-0).
Si la série d’invincibilité de l’équipe de France se poursuit, sa recherche d’un projet de jeu cohérent aussi. Seize mois après sa prise de fonctions, Blanc semble dans une impasse.
Il y a un an jour pour jour, la France l'emportait à Wembley et tous les amoureux des Bleus pensaient la machine relancée (Good job ! ). Aujourd'hui, qui s'en souvient? L'espoir a laissé place à la frustration, et la qualification arrachée à la Bosnie grâce à une monstrueuse bourde de Spahic l'envoie à l'Euro, avec les mêmes certitudes sur son jeu que deux ans plus tôt, après l'affreuse qualification volée à l'Irlande.
Le prochain match amical de l’équipe de France, le 29 février 2012, nous en dira long sur les ambitions qu’elle pourra nourrir durant son début d'été polono-ukrainien, puisque Lloris et ses copains se déplaceront outre-Rhin... L’Allemagne écrase tout sur son passage, y compris les gros bras (les Pays-Bas ont été balayés mardi 3-0) depuis une Coupe du monde où elle avait déjà séduit tous les observateurs (Objectif 2012 pour la « Mannschaft » (Bilan de la XIXème Coupe du monde: 4/10) ) et parait de taille à lutter avec l'Espagne, évidemment grand favori de l’épreuve.
Pour être franc, on voit mal ces Bleus-là bousculer la Mannschaft. Seize mois après son arrivée, Laurent Blanc n’a toujours pas trouvé la bonne formule. Les blessures des uns et des autres qui se sont succédées depuis sa prise de fonctions ne l’ont certes pas beaucoup aidé, mais le résultat est là : à ce jour, le jeu français est proche du néant.
Après un match d’un ennui rarissime contre les Etats-Unis (les américains y sont pour beaucoup), sauvé par un éclair du duo Martin-Rémy, on attendait ce second match de la semaine avec l’espoir d’une réaction.
Réaction il y a eu, mais totalement stérile. Et c’est bien le plus inquiétant, au fond. C’est qu’ils étaient au taquet, nos petits bleus, Benzema et Ribery en tête ! Mais ils n’y arrivent pas. Le manque de créativité est patent, la capacité à déséquilibrer une équipe européenne de seconde zone inexistante.
Oui, je sais, la Belgique semble renaître elle aussi de ses cendres. Elle a paru même supérieure techniquement, physiquement et collectivement à son hôte, et si elle ne s’était pas contentée de défendre pendant une bonne heure, il y a fort à parier que Lloris aurait eu plus qu’une parade à réaliser pour porter la série d’invincibilité des Bleus à 17 rencontres.
Vus les adversaires rencontrés, c’est une maigre consolation, qui ne suffit pas à chasser cette question lancinante : Blanc est-il dans une impasse ?...
Benzema attendra Nasri
Le plus frustrant, dans ces deux rencontres, était de voir l’avant-centre de la meilleure équipe européenne de ce début de saison, ne pas toucher un seul ballon en bonne position, si ce n’est dans le rond central…
Benzema est lunaire avec le Réal mais il était sous terre cette semaine avec les Bleus. Comme les autres. Son envie n'est pas remise en cause, bien au contraire, il fut même un des rares à tenter de secouer le cocotier. Mais autour de lui, c'est le grand vide.
Il lui manque évidemment un milieu axial capable de combiner à la fois dans les petits espaces (le Benz adore ça) voire de sentir ses éventuels appels en profondeur. Martin et Cabaye ont échoué, il faut du plus lourd, du plus expérimenté.
Deux joueurs seulement ont le profil : Nasri et Gourcuff. Pour le second, l'affaire est encore compliquée, mais six bons mois suffiront à Blanc pour qu'il rappelle son chouchou. En attendant, le premier, qui joue plutôt sur le côté droit chez les Blues de Manchester City, est le seul, aujourd'hui, dont les épaules sont assez larges.
Ribery en pénitence
L'autre joueur de classe mondiale dont dispose Laurent Blanc vient de réaliser trois mois superbes avec le Bayern Munich… Mais lui aussi a la tête sous terre dès qu'il enfile le maillot français, qu'il soit bleu ou rayé façon marin body-buildé.
Ribery veut se racheter, cela transpire dans ses courses, ses attitudes, mais tout ce qu'il tente, ou presque, échoue lamentablement. C'est cruel, mais sans doute faut-il y voir là une forme de pénitence.. Personne ne le plaindra, certes, mais il faut rester lucide: sans un bon Ribery, la France ne verra même pas les quarts de l'Euro.
C'est cette même pénitence à laquelle semble condamner à vie Jérémy Toulalan, banni pour avoir eu la mauvaise idée d'empêcher ses coéquipiers de se ridiculiser un peu plus avec un communiqué qu'ils auraient rédigé à l'arrière d'un bus, plutôt que par son avocat, mais aussi de s'être permis un jour, en conférence de presse, de clouer le bec à tous les donneurs de leçon de France 98.
Toulalan a dit adieu aux Bleus, et Gonalons, son successeur à Lyon, s'est révélé. Dans l'esprit de Blanc, il est bien sûr encore très loin de M'Vila mais lui, au moins, a su saisir sa chance. Avec les deux Diarra, cela fait beaucoup de numéros 6. Mais ce n'est pas ce poste-là du milieu de terrain qui inquiète aujourd'hui...
La taca taca tac tac tiqu’
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Devant l’inefficience de son milieu de terrain à deux récupérateurs (Diarra et M’Vila) contre les Etats-Unis, Laurent Blanc avait décidé cette fois de titulariser Martin et Cabaye, en sus de M’Vila, laissant enfin Diarra sur le banc. Le but était clairement d’apporter une touche plus offensive au schéma tactique des Bleus.
Malheureusement, le jeu français, vers l’avant, n’y a rien gagné. Martin a couru dans le vide et oublié tout ce qui avait séduit lors de ses précédentes entrées en jeu : un jeu exclusivement tourné vers l’avant, des passes axées sur la verticalité, des prises de risque, de la percussion… Cabaye a fait à peine mieux, perdant de nombreux ballons et ne parvenant que rarement à servir les trois attaquants. Comme un symbole, Benzema, exaspéré, a fini par reculer jusque dans le rond central pour caresser le cuir. Un comble dans un schéma à une seule pointe…
Cela dit, la qualité du pressing belge, avec un engagement qui rappelait parfois que haut niveau et match amical ne riment pas toujours entre pays voisins, est pour beaucoup dans l’incapacité des Bleus à déséquilibrer le bloc adverse et se créer ne serait-ce qu’une occasion franche.
La solution était donc d’étendre ce bloc compact, en écartant au maximum le jeu sur les côtés. Mais Abidal, par ailleurs excellent défensivement, et Reveillère n’ont que trop peu dédoublé avec Ribery et Rémy sur leur côté respectif. Dommage car la seule fois où le latéral droit lyonnais a débordé son vis-à-vis, une tête décroisée de Benzema a failli faire mouche.
Les changements en cours de jeu (les trois attaquants en même temps) ont beaucoup trop tardé et n'ont quasiment rien apporté. Martin et Cabaye, hors du coup, ont, pour leur part, terminé la rencontre. Cherchez l’erreur !
Haut les cœurs !
♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ : (fabuleux, performance exceptionnelle)
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♥ ♥ ♥ ♥ ♥ ♥ : (excellent)
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♥ ♥ ♥ ♥ ♥ : (de bon à très bon)
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Une double parade face à Mirallas à quelques minutes de la fin a privé les belges du hold-up. Pour le reste, son jeu au pied reste toujours aussi inégal, donc peu rassurant. |
LLORIS |
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Franchement impressionnant défensivement, il aurait pu gratter un ♥ de plus avec un peu plus d’ambition offensive. Les raids solitaires de Ribery ne l’y ont peut-être pas poussé… |
ABIDAL |
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La bonne surprise de la soirée. Entré en jeu à la place d’un M’Vila sonné à trois minutes de la pause (et décevant jusque-là), il a su saisir sa chance et reproduire en sélection ce qu’il réalise en club. Beaucoup d’impact à la récupération, encore écorné cependant par des approximations dans la relance. A clairement marqué des points dans la course des 23 pour l’Euro à un poste où la concurrence est féroce. |
GONALONS |
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Très costaud, très présent, il est le clone précoce de Marcel Desailly. Pas de faute et une attention de tous les instants pour pallier les errances de Rami. Nonobstant sa jeunesse, il peut bousculer la hiérarchie au sein de la charnière Rami-Mexès. |
SAKHO |
♥ ♥ ♥ ♥ : (moyen)
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Tour à tour au marquage d’Hazard et Dembele, il a passé une soirée assez inconfortable défensivement même si, au final, seul Mirallas, en fin de match, lui a échappé dans une action qui aurait pu être fatale. Quelques montées pour relayer Rémy, mais un apport offensif globalement insuffisant. |
REVEILLERE |
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Il a beaucoup tenté, sans jamais véritablement faire la différence. Ses combinaisons avec Benzema, nombreuses mais stériles, méritent tout de même d’être revues. De l’envie, palpable, mais il est encore très loin de son niveau munichois. |
RIBERY |
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Incontestablement moins en vue que lors de ses dernières prestations, le meilleur joueur de football français a pourtant beaucoup bougé. Malheureusement très peu trouvé par ses partenaires, il a buté sur une excellente charnière Company-Van Buyten les rares fois où il aurait pu se montrer dangereux. |
BENZEMA |
♥ ♥ ♥ : (médiocre, insuffisant)
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Il gagne de nombreux duels, c’est vrai, mais ses errances défensives (oubli parfois grotesque du marquage) et une relance souvent indigne du niveau international doivent inciter Laurent Blanc à se demander s’il mérite vraiment une place de titulaire. |
RAMI |
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Ni vraiment relayeur, ni vraiment créateur, sa performance est à l’image de celle de l’équipe : terne et sans saveur. Une belle frappe (mais non cadrée) à inscrire à son crédit. C’est maigre mais cela dit, les autres n’ont pas fait mieux… |
CABAYE |
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Courir autant pour produire aussi peu, c’est un gâchis. Laurent Blanc avait peut-être raison quand il rappelait aux observateurs désireux de voir Martin débuter que ses entrées en jeu décisives devaient être relativisées par l’usure générale de l’adversaire en fin de match… Mais il est jeune, talentueux et mérite une autre chance. |
MARTIN |
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A l’instar de Martin, il n’a pas confirmé son éclair contre les Etats-Unis, ne faisant jamais la différence, remettant ainsi en cause sa légitimité (un peu précipitée) à occuper le poste de titulaire côté droit. En même temps, la concurrence du moment est si faible qu’il conserve encore la meilleure cote… |
REMY |
♥ ♥ : (franchement mauvais)
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♥ : (catastrophique, ridicule)
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Charelca